Publié le 07/05/2010 à 12h33 /

Le désarroi de l'agriculteur face au sanglier

// Chez Jean-Luc Blanc, le combat contre le sanglier dure depuis 20 ans. La bête qui pullule dans cette zone forestière intensifie ses dégàts malgré clôtures et agrain.

La parcelle a été saccagée par les bêtes noires le soir même du semis (photo de gauche), détruisant 15 ares malgré la clôture qui s'est montrée peu dissuasive (photo de droite).
Pour Jean-Luc Blanc, agriculteur à  Brocas (40), les années passent et, hélas, se ressemblent : « Depuis 20 ans que je suis installé, tous les ans les sangliers détruisent 2 à  5 % de mes cultures. Et la situation empire ! C'est désespérant de tout mettre en oeuvre pour avoir de belles productions et le boulot est détruit sitôt réalisé, dès la nuit qui suit le semis ! » L'exploitation, éclatée en seize parcelles de 1 à  20 hectares disséminées dans la forêt landaise, est un paradis pour les bêtes noires qui peuvent s'y régaler en relative paix : « Dans ce secteur des Landes, où les agriculteurs sont peu nombreux, les parcelles sont petites et noyées dans la forêt où pullulent les sangliers ». Parcelles clôturées Pour protéger ses cultures, l'exploitant clôture et grillage progressivement ses parcelles. La semaine dernière, avec le concours des chasseurs de l'ACCA locale, l'exploitant a encore posé un maillage de protection. Ainsi, les 2/3 de ses champs de mais sont aujourd'hui cernés de 3 km de grillage et de 5,5 km de clôture électrique. Des installations qui, en plus, ne facilitent pas les manoeuvres dans les champs. « Souvent, les clôtures ne suffisent pas, surtout à  la période où le grain est laiteux car les sangliers en sont très friands. Pire, ils se trouvent bloqués par la clôture et ne peuvent quitter le champ ». Et l'histoire se répète chaque printemps : « Au lieu de semer, je passe mon temps à  rectifier, créer des clôtures, mais ces bestioles sont plus efficaces que moi ! » Quant au coût de ces clôtures, il n'est pas négligeable, atteignant environ 500 €/ha, sans compter la main-d'oeuvre. Seules certaines parcelles, celles qui sont destinées à  recevoir des essais de Maisadour pour la semence, ont bénéficié d'une aide de la part de la coopérative. « J'ai aussi beaucoup apprécié l'aide des chasseurs la semaine dernière. Ils ont eux aussi intérêt à  ce qu'il n'y ait pas de dégàts pour éviter les pénalités financières de leur ACCA ». Cette année, sur les semis de mais grain (les semis de mais semence n'ont pas commencé), 40 ares de dégàts ont déjà  été validés sur l'exploitation et deux parcelles sont en cours d'expertise. S'ajoutent 3,6 hectares de dégàt sur prairies. Agrainage inefficace cette année « C'est la première fois que je vois ça ! Ils ont même labouré l'airial ! Ils s'approchent toujours plus près des maisons » déplore la victime du « cochon » qui affiche une certaine inquiétude face à  l'inefficacité de l'agrainage cette année : « L'an dernier, ça avait marché, mais cette année, rien n'arrête les dégàts ! Je ne sais plus que faire. J'ai l'impression d'être Don Quichotte en combat contre des moulins à  vent ».Jean-Luc Blanc estime que la tempête Klaus, comme celles de 1976 et 1999, associées à  une baisse des effectifs de chasseurs, pourraient être à  l'origine de cette explosion de la population de sangliers. « Peut-être aussi un laxisme peut être attribué à  certaines ACCA ? ».En attendant des solutions qui réduiraient considérablement la population du nuisible, l'exploitant remplit, inlassablement, des dossiers de demande d'indemnisation des dégàts, « même si cela ne résoudra pas le problème et m'obligera à  passer du temps pour des expertises dont je n'attends plus grand-chose ». Dominique Maurel

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